Activ'Action a animé pour la première fois un Activ'Boost sur trois séances de deux heures pour lever les freins psychologiques au retour à l'emploi dans l'établissement "Le Cap", une association Haut-Rhinoise, qui intervient dans les domaines de la prévention des comportements à risques et des soins en lien avec les addictions. 

 

C'est avec la plus grande simplicité que nous vous communiquons le témoignage de Morgane Borowiak, psychologue de l'association. Elle nous livre avec émotion et optimisme l'histoire de cette collaboration qui s'est construite dans un climat de confiance et de bienveillance. 

"Parce que nous sommes soumis au doute, en proie à la tristesse, la colère, la honte de ne pas réussir à sortir d’une situation douloureuse, de ne pas « être comme les autres ».

Parce que dans ces moments-là nous nous retranchons, nous nous isolons, nous nous déprécions. Parce qu’aujourd’hui le travail est devenu une valeur tellement importante dans notre société.

Parce qu’aujourd’hui « travailleur, employé, salarié » est plus qu’une façon de vivre, un véritable statut social, preuve de réussite.

Parce qu’à cet instant nous perdons le sens des choses.

Parce que dans ces moments là nous nous sentons seul.

Parce que tout de suite nous cessons de rêver.

Parce que nous cessons d’exister comme des êtres dignes.

Parce que maintenant nous souhaiterions mourir.

 

Voici des affirmations que j’entends, en tant que psychologue, depuis plus de quatre ans. Un thème, un leitmotiv, une souffrance insidieuse, que l’on s’évertue à cacher derrière un masque, un sourire, des démarches multiples, des CV, de l’alcool ou autres acolytes à vertus anxiolytiques. Une douleur que l’on s’autorise à exprimer une fois caché dans les murs d’un bureau de 7m², sur une chaise en plastique dur. Quand on a confiance. Quand on a enfin le droit d’avoir peur. Quand on n’a plus rien à prouver en dehors de notre désir de lâcher prise, d’avoir mal et d’enfin le dire.

 

Au sein des Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention des Addictions (CSAPA), nous recevons plus que régulièrement des personnes confrontées à des périodes de non emploi, d’inactivité, de chômage ou de précarité professionnelle. Des profils différents, des histoires différentes, des situations variées, mais une souffrance identique concernant le domaine de l’emploi. Des oubliés de la société, des inadaptés aux services et parcours classiquement proposés (pôle emploi, missions locales, etc.).

 

Souvent dépassés, en tant que professionnels, par des situations auxquelles nous n’avons pas plus de réponses que ce qu’il existe aujourd’hui, nous avons décidé de confier nos « oubliés » à l’association Activ’Action en organisant des cycles de trois ateliers par groupe. Sans savoir dans quoi nous nous engagions mais avec la ferme résolution de proposer « quelque chose d’autre », nous avons été séduits par leur conception innovante et profondément humaine de l’individu au sein de ces périodes de non emploi.

 

Dès le premier atelier, la magie se produisit. Ils n’étaient plus seuls, ils ne cherchaient plus à plaire à d’éventuels recruteurs, à cacher ce qu’ils étaient et aimaient, à se modifier, se « travailloformer » pour répondre aux critères du marché du travail. Ils étaient ensemble. Ils étaient vrais. Du fin fond de leur dépression, une étincelle a jailli. Et si nous pouvions vivre différemment ? Et si nous pouvions, pour la première fois depuis de longues années, réapprendre à rêver ? Et si nous avions notre place quelque part ?

 

Pour la première fois depuis des années, les participants et les professionnels ont eu l’impression d’être confrontés à un atelier qui avait du sens. Un sens. Qui nous emmenait, ensemble, dans une même direction. L’une des plus jolies preuves, est que malgré l’adhésion fluctuante caractérisant la population que nous recevons, l’ensemble des participants sont revenus à chaque séance, au plus grand étonnement des professionnels. Dynamisme, énergie, optimisme réaliste, progression et nouvelles pistes se sont créés. Plus qu’une nouvelle vision de l’emploi et des périodes d’inactivité, Activ’Action a donné l’opportunité à nos « retrouvés » d’être en lien avec l’autre, et surtout de faire leur propre rencontre. De redéfinir leur contour plus ou moins effacés et de savoir enfin identifier celui qu’ils donneront à voir aux futurs employeurs.

 

Plus qu’un atelier, Activ’Action nous a proposé une vision différente de l’homme, du travail et de l’avenir, replaçant l’individu au centre de la réflexion et de l’attention. A la place qu’il n’aurait jamais dû perdre.

 

Aujourd’hui, fort de cette expérience, nous souhaiterions renouveler notre partenariat avec cette association. Suite aux retours des participants, nous souhaiterions concrétiser une collaboration durable en augmentant le nombre d’ateliers et en développant cette action au sein de notre structure (rencontres à distance (1-6 mois) afin d’évaluer les progrès et le retour à l’emploi, mise en place des Activ’Ups, développement de nouvelles actions spécifiques à notre population, etc.). Les ateliers et la philosophie sous-tendant Activ’Action apparaîssent tout à fait complémentaire à nos pratiques institutionnelles. Ils sont là où nous manquons.

 

Plus qu’un travail sur les sentiments négatifs rencontrés lors des périodes de recherche d’emploi, Activ’Action a apporté à nos patients, aux professionnels et à l’institution, une chose primordiale.

 

L’espoir."

 

Morgane Borowiak, psychologue de l'association "Le Cap"

 

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